Depuis le début du mois de juin, une soixantaine de locataires ont investi la première phase du projet Le Fitz, installé sur la route du Président-Kennedy, à Lévis. Dès le 1er juillet, une centaine d’autres devraient s’y joindre, et en novembre, le bâtiment de 25 étages, qui offre une vue imprenable sur Québec, devrait afficher complet.
Maintenant que la première phase du Fitz est livrée, Lévis peut se vanter d’offrir les logements les plus hauts de la région de Québec.
«On passe du rêve à la réalité», célèbre le promoteur Gilles Pelletier, en faisant visiter sa tour résidentielle de 75 mètres de hauteur au Soleil. Entre les ouvriers qui s’occupent de la finition de la peinture, des déménageurs s’affairent à garnir les 175 appartements qui ont poussé là où trônait une modeste station-service il y a trois ans à peine.
M. Pelletier fait remarquer que la région de Québec n’a pas l’habitude de voir des constructions si hautes. «On aime mieux les bâtisses larges. Moi j’appelle ça des murs de Berlin, parce que ça cache la vue de tout le monde.»
«Mais si Kelowna est capable de faire sortir des tours de 20 ou 30 étages avec ses 200 000 habitants, je ne vois par pourquoi on ne peut pas le faire ici.»
En 2025, Le Fitz devrait inaugurer sa deuxième phase et ses 173 logements. L’année suivante, le promoteur devrait livrer son ultime troisième tour, qui comptera 135 unités locatives et quelques locaux commerciaux.
À terme, le complexe de 160 millions devrait proposer aux locataires de ses 480 logements une piscine, une salle de sport, un studio de yoga, des espaces de conférences, deux terrasses, une salle de divertissement et un grand espace commun. Tout sera accessible sans mettre le pied dehors.
«Ça sera comme une petite ville en plein milieu de la ville, illustre Gilles Pelletier. On ne voulait pas cacher les espaces communs dans le sous-sol, précise-t-il. On veut tout le temps qu’il y ait du monde qui se promène, qui circule.»
«On veut que ça donne l’impression d’être sur la place du village.»
– Gilles Pelletier, promoteur et président-directeur général de Pellimo
La première phase du projet propose plusieurs logements semi-meublés de trois ou quatre pièces, en plus de quelques penthouses, aux étages les plus hauts. Les unités les plus chères se louent autour de 4000 $, alors que les appartements les plus abordables, des trois et demi, se chiffrent autour de 1000 $ par mois.
Un prix «similaire à Québec», selon M. Pelletier, qui vante la proximité du Fitz avec l’autoroute 20 et les lignes d’autobus, mais surtout des commerces.
À quelques mètres de la première tour, on retrouve quelques centres commerciaux, dont les Galeries Chagnon, mais aussi trois épiceries, une clinique médicale, un cinéma et des restaurants. «Il n’y a pas grand place où il y a autant de commerces proches accessibles à pieds dans la région», remarque le promoteur.
Dans les ascenseurs, on croise des personnes âgées et leur chien, un jeune couple de professionnels et une étudiante de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).
«C’est toutes les sortes de monde qui viennent habiter ici», répond le président-directeur général de la firme Pellimo aux Lévisiens qui se demandent qui choisit de vivre dans les nombreuses tours qui sortent de terre sur la Rive-Sud. «C’est un mode de vie qui convient à tous ceux qui acceptent de l’adopter.»
Un quartier qui va continuer à pousser
Le Fitz n’est pas le seul projet d’envergure qui promet de changer le visage de l’est de Lévis. Sur le boulevard Guillaume-Couture et la route du Président-Kennedy, plusieurs terrains vacants et commerces de faible densité ont été vendus dans les derniers mois.
De grands joueurs de l’immobilier de la région de la capitale, mais aussi du reste du Québec et du Canada, s’intéressent désormais à Lévis. Et ils sont prêts à y investir des centaines de millions.
Le Soleil a entre autres appris que Lévis était en voie d’autoriser deux nouvelles tours de plus de 20 étages dans le secteur.
Ce nouveau projet immobilier, dont les détails ne sont toujours pas disponibles pour le public, a traversé l’étape du conseil d’arrondissement, mercredi soir. Il devrait sortir de terre en face du District GC, un autre projet majeur présentement en chantier.
«Dans les prochaines années, il va y en avoir trois ou quatre qui vont pousser de ce côté-là, et pareil de l’autre côté», prédit Gilles Pelletier, en pointant du bout du doigt les terrains avoisinants qu’il sait promis à de grands complexes immobiliers. «Et dans 15 ans, le redéveloppement devrait être pas mal terminé.»
«Il y a un momentum pour la densification. Et c’est ici que ça se passe.»
– Gilles Pelletier, président-directeur général de Pellimo
Et pourquoi à Lévis ? «Parce que la Ville est facilitante, parce que c’est l’endroit qui grossit le plus vite au Québec, et surtout, parce qu’il y a de la place», résume le promoteur.
Lévis veut plafonner, puis recule
Pourtant, l’administration Lehouillier a récemment signifié son intention de donner un coup de frein au développement en hauteur dans le secteur vanté par M. Pelletier. En avril, elle a indiqué qu’elle limiterait à 15 étages les prochaines constructions dans six zones près de la route du Président-Kennedy.
Mais Lévis a finalement reculé, préférant ne restreindre les hauteurs que dans deux zones, lançant une démarche de réflexion pour les autres.
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Le PDG de Pellimo fait partie des promoteurs et des citoyens qui ont fait pression pour que le maire et son équipe revoient leur désir de plafonner les tours au cœur de l’arrondissement Desjardins.
M. Pelletier estime que le secteur où il fait des affaires est «parfait» pour la grande densification. «On ne dérange personne ici», affirme-t-il, en faisant remarquer «qu’il n’y a que des commerces autour». «S’il y a un endroit où on doit pouvoir faire du développement et de la densification, c’est bien ici.»
Les Lévisiens ne sont pas tous d’accord avec lui. Dans une récente consultation publique pour la vision 2040 de la ville, ils se sont montrés plutôt sévères quant au développement qui a cours sur la Rive-Sud.
Un quart des répondants demandait à l’administration Lehouillier de restreindre ou ralentir le développement, le jugeant trop rapide et brutal, alors que 42 % des Lévisiens demandaient à leurs élus d’établir de nouvelles balises en matière de construction.
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«On ne construit que de gros immeubles à condos, résumait un répondant dont le témoignage a été mis en lumière. Lévis était une ville familiale auparavant où les résidences unifamiliales étaient privilégiées.»
Le promoteur fait toutefois remarquer que pour loger autant de futurs Lévisiens dans un quartier de maisons unifamiliales, il aurait fallu d’énormes lots libres. Et cela aurait définitivement contribué à l’étalement urbain, note-t-il. «Mais de l’espace comme ça, il n’y en a plus […] et des quartiers comme ça, ça ne se fait plus.»