Petit rappel avant de débuter. Le revenu viable se définit par l’argent que doit gagner un ménage pour se sortir de la pauvreté. L’IRIS fait le calcul pour une personne seule, une famille monoparentale avec un enfant qui fréquente un CPE ainsi qu’une famille de deux adultes et de deux enfants d’âge préscolaire.
Ainsi, pour une personne seule, le revenu viable se situe entre 31 696 $ et 42 884 $. Pour un ménage composé d’un parent et d’un enfant, il faudra entre 43 960 $ et 55 447 $ pour vivre dignement. Finalement, la famille composée de quatre membres devra gagner entre 72 081 $ et 85 463 $.
Dans tous les cas, c’est à Trois-Rivières que le revenu viable est le plus petit et à Sept-Îles qu’il est le plus élevé.
Dans une majorité des cas, le revenu viable a augmenté à un rythme plus lent que l’inflation. «C’est principalement en raison du transport. On remarque un retour à la normale pour ce qui est du coût des voitures usagées et du prix de l’essence qui a baissé», constate d’abord la chercheuse Eve-Lyne Couturier. On parle alors d’une économie de 1500 $ par année.
D’ailleurs, pour une personne vivant seule, il n’y a qu’à Sept-Îles qu’elle doit avoir un véhicule pour ses déplacements. Ce qui fait grimper ses dépenses de près de 6000 $ de plus que dans les autres villes.
«Nous avons fait des simulations dans toutes les villes pour le transport en commun. Les jours de semaine comme les fins de semaine. Et à Saguenay, nous en arrivons à la conclusion que pour une personne seule, c’est raisonnable, mais que pour les autres ménages, ça devient compliqué, alors nous avons ajouté un véhicule», explique la chercheuse.
Dans toutes les villes, la famille composée de deux adultes et de deux enfants détient une voiture.
Un 3 et demie plus cher qu’un 5 et demie
Être propriétaire d’un véhicule, ça coûte cher. Environ 10 000 $ par année. Mais pour certains ménages, c’est le coût du logement qui gruge la plus grande part du budget.
«À Gatineau, le loyer moyen d’un 3 et demie est plus cher qu’un 5 et demie à Saguenay ou à Trois-Rivières», fait voir Mme Couturier. Pour une personne seule, il devient difficile de se trouver un appartement décent. À Saguenay, il en coûte 9976 $ par année, à Gatineau, ça grimpe à 19 648 $.
«Le Tribunal administratif du logement recommandait en 2024, une augmentation de 4 %, mais on parle plus d’une moyenne de 11 %. C’est la preuve qu’il faut des mesures d’encadrement plus strictes, plus sévères.»
— Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l'IRIS
Et contrairement à une voiture, il est très difficile d’essayer d’épargner sur son loyer. «On peut se dire qu’on va limiter nos déplacements ou changer pour un plus petit véhicule, mais c’est pas mal plus compliqué de déménager dans plus petit. Et déménager coûte cher», fait remarquer l’analyste.
Plus cher se nourrir à Saguenay
«Ça nous a aussi surpris. C’est à Saguenay que l’épicerie coûte le plus cher. Même devant Sept-Îles», souligne Mme Couturier.
Pour cette portion de l’analyse, l’équipe utilise une liste d’épicerie spécifique et elle se rend dans différentes épiceries, dans toutes les villes étudiées. Il en ressort que c’est à Saguenay que la facture est la plus élevée: 17 506 $ pour une famille de quatre. À l’autre extrémité, se nourrir de façon digne, et selon le guide alimentaire canadien, grimpe à 15 633 $ à Québec et à Sherbrooke.
Il est difficile d’avoir une réponse à cette situation, d’autant plus que les grandes bannières de supermarché sont présentes sur tout le territoire québécois.