Ces derniers jours, le chantier du pont de l’île d’Orléans a fait grand bruit.
Autant sur les réseaux sociaux que dans le fleuve.
Depuis le début de la semaine, Le Soleil a répertorié plusieurs témoignages de citoyens qui se plaignaient d’avoir été témoins de bruyants travaux pendant la nuit.
Si les activités de construction du nouvel ouvrage routier en ont réveillé certains, d’autres ont dénoncé sur différents groupes citoyens n’avoir pas été en mesure de dormir sous le son de ce qui a été comparé à des «coups de canon».
Le Soleil a pu s’entretenir avec quelques-uns, mais aucun n’a accepté de témoigner publiquement, par crainte de se voir accoler l’étiquette de «chialeux». La plupart avait d’ailleurs déjà supprimé leur publication après avoir reçu des messages haineux en ligne.
Les épisodes sonores semblent avoir surtout affecté des gens de Boischatel et de Beauport, alors que le chantier est déployé sur la rive nord, en bordure du fleuve, du côté de Québec.
Le vacarme en provenance du chantier du pont de l’île d’Orléans a suscité un grand nombre de commentaires d’internautes, après une nuit à la fois courte... et longue.
Il a même résonné jusque dans les bureaux de la députée caquiste de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, qui a assuré avoir «rapidement pris action» pour éviter que ne se reproduisent les «bruits assourdissants».
Des «dépassements» admis
Contacté par Le Soleil, le ministère des Transports et de la Mobilité durable admet que les opérations en cours sur le chantier «entraînent des niveaux sonores plus élevés que la normale dans le secteur».
Dans la nuit du 4 au 5 mai, un «bruit plus fort que la normale» a en effet été enregistré par une station de suivi sonore, confirme le porte-parole Nicolas Vigneault.
Cette nuit-là, les équipes s’affairaient à enfoncer par vibration de grandes feuilles d’acier (palplanches) dans le sol. Cette étape s’inscrit dans la poursuite des ouvrages temporaires, soit les batardeaux et la jetée du côté de la rive nord qui accueilleront la structure principale du nouveau pont de l’île d’Orléans, détaille-t-il.
Le ministère des Transports justifie les dépassements sonores entendus par des voisins par le fait que les palplanches ont rencontré la résistance de roches dans le fleuve.
«Le Ministère est conscient des désagréments que ces opérations peuvent occasionner et toutes les mesures sont mises en place afin de réduire les répercussions sur le voisinage.»
— Nicolas Vigneault, porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable
Les sonomètres et les équipes de surveillance veillent «en continu» au respect des seuils autorisés, assure-t-il.
«Les travaux de jour sont privilégiés lors des phases les plus bruyantes», ajoute le porte-parole, et dès 19 h, l’intensité et la durée du bruit sont réduites.
Selon lui, les activités cessent «immédiatement» en cas de dépassement des niveaux sonores autorisés pendant la nuit.
Des «interventions rapides» ont d’ailleurs été réalisées et des rencontres se sont tenues dans les derniers jours avec l’entrepreneur responsable du chantier pour veiller à ce que les normes soient dorénavant respectées.
Travailler de nuit, poissons obligent
Reste que pour faire progresser rapidement le chantier du nouveau pont de l’île d’Orléans, évalué à 2,7 milliards de dollars, des travaux de nuit sont pour ainsi dire inévitables, avise le ministère des Transports.
«Les travaux de jour et nuit (24/7) sont nécessaires afin d’avancer au maximum cette étape du chantier.»
— Nicolas Vigneault, porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable
C’est que les équipes ne disposent que d’une courte fenêtre d’opportunité. Poissons obligent.
Le calendrier prescrit que «les opérations en eaux doivent cesser au plus tard le 15 mai afin de respecter la période de restriction associée à la protection des poissons, informe le porte-parole Nicolas Vigneault. Après cette date, aucun travail dans l’eau ne sera possible jusqu’au 1er août».
À la fin de l’été, l’installation de pieux est par la suite planifiée dans le fleuve.
La livraison du nouveau pont demeure prévue en 2028.