Le succès d’une équipe dépend beaucoup de sa capacité à rester en santé jusqu’à la fin du calendrier, et une série de blessures a déjà affecté de sérieux prétendants au titre, tels que les Ravens de Baltimore, les 49ers de San Francisco et les Bengals de Cincinnati.
Les équipes investissent des centaines de millions de dollars chaque année dans leur effectif, et elles sont conscientes qu’il est vital pour elles que ces joueurs puissent jouer, car le moindre petit avantage peut se traduire en de meilleurs résultats sur le terrain. Pour y parvenir, la NFL s’est tournée vers la technologie ces dernières années, concluant une entente avec les services internet Amazon (AWS) pour utiliser un outil servant à prédire les blessures qui exploite les données et l’intelligence artificielle pour permettre aux équipes de gérer la santé de leurs joueurs.
«Les partisans veulent que leurs joueurs favoris soient sur le terrain. Les propriétaires des équipes veulent évidemment que ces joueurs soient sur le terrain, eux aussi. Les athlètes eux-mêmes veulent se retrouver sur le terrain, a souligné Julie Souza, directrice de la pratique sportive mondiale chez AWS. Tout ce que nous pouvons faire afin d’améliorer cette réalité et de garder les athlètes en santé, je trouve que c’est une cause noble.»
Un seul arrêt pour les données sur les blessures
L’outil Athlète numérique prend de la vidéo et des données des joueurs de chacune des 32 équipes au gymnase, à l’entraînement et pendant les matchs, fournissant aux équipes de précieuses informations sur l’éthique de travail de ceux-ci et leurs risques de blessures, en plus de leur présenter des tendances à travers la ligue et des références.
Les équipes ont accès au portail de l’Athlète numérique pour une troisième saison, et le personnel médical indique qu’il est extrêmement utile, le qualifiant même de «seul arrêt pour les données sur les blessures» — des informations qui devaient auparavant être colligées auprès de diverses sources.
«En fait, il s’agit de vous donner plus d’informations pour vous poser de meilleures questions et ainsi optimiser vos interventions afin de rendre votre processus plus efficace, a expliqué Tyler Williams, le vice-président de la santé et de la performance chez les Vikings du Minnesota. En fin de compte, si vous résumez la science du sport en une seule phrase: Comment pouvons-nous mesurer et évaluer pour nous rendre plus efficaces et utiles?»
L’Athlète numérique utilise des capteurs installés sur les épaulettes, des caméras et un suivi optique pour recueillir des informations sur les entraînements et les matchs de chaque joueur des 32 équipes, similaire à ce que font les statistiques NextGen pour déterminer qui est le porteur de ballon le plus rapide ou quelle distance un receveur de passes couvre sur ses tracés.
La quantité de données est toutefois bien différente.
Alors que les statistiques NetGen génèrent environ 500 millions de points de données au cours d’une saison entière, l’Athlète numérique en amasse autant sur une base hebdomadaire, ce qui signifie que la seule façon d’analyser tout cela pour en tirer quelque chose de significatif est d’utiliser l’apprentissage automatique et la technologie de l’IA.
«Le volume considérable de données signifie que personne ne peut les analyser avec un presse-papiers ou un tableau Excel, a déclaré Souza. C’est un travail qui relève absolument des ordinateurs hautes performances, de l’apprentissage automatique, de l’intelligence artificielle, et de toutes ces technologies.»
L’un des points forts de l’Athlète numérique est sa capacité à regrouper les données des 32 équipes et de plus de 1500 joueurs pour donner au personnel médical et aux entraîneurs une meilleure idée des joueurs qui pourraient être plus susceptibles de se blesser à un moment précis et des mesures pour réduire l’impact de ces blessures.
Comment utilise-t-on l’Athlète numérique?
Les équipes l’utilise pour établir leur calendrier d’entraînements pendant les camps, la charge de travail qui peut varier d’une semaine à l’autre dans le calendrier, et quels joueurs ou groupes de joueurs ont été tellement sollicités que réduire leur travail pourrait prévenir des blessures persistantes aux tissus mous.
«Il faut trouver le juste équilibre, sans être surmené ni sous-préparé pour le football, a déclaré Williams. Plus on joue au football, plus on s’améliore, et plus on est fatigué. C’est un équilibre fluide entre la stratégie et la performance. Comment permettre aux joueurs de donner le meilleur d’eux-mêmes, de la manière la plus sécuritaire possible pour assurer leur longévité?»
Williams a déclaré que la plupart des données renforcent ses convictions initiales, mais qu’elles lui permettent aussi parfois de déceler des éléments qui auraient pu lui échapper. Disposer de preuves empiriques peut également l’aider à convaincre un joueur qu’il pourrait avoir besoin d’une journée de repos supplémentaire, ou encore un entraîneur qu’il doit alléger la charge de travail de ses protégés à l’entraînement ou, parfois, l’augmenter.
Ce modèle peut indiquer au personnel d’une équipe la charge de travail d’un joueur, en fonction de ses décélérations, de ses accélérations, de sa charge de travail cumulative sur le terrain et de ses changements de direction.
La NFL reconnaît certes que le nombre de blessures a chuté depuis l’adoption de l’Athlète numérique, mais Williams convient que plusieurs facteurs entrent en jeu et il ignore s’il y a un lien direct de cause à effet.
«Tout le monde veut avoir la preuve irréfutable que si on fait A et qu’on le combine avec B, alors on obtiendra C, a déclaré Williams. Ça ne marche jamais comme ça. Tout le monde veut entendre dire que cette équipe est vraiment douée pour prévenir les blessures. Personne ne prévient les blessures. La question est de savoir quelle recette on doit mettre en place pour atténuer au mieux les risques. Plus on mesure, plus on pourra atténuer les risques de blessures.»